de henri m. [i588]                    3yr
joste, lequel étant en son cabinet, Ieur ayant demandé s'ils avoient fait, en sortit, et donna un coup de pied par le visage à ce pauvre mort, tout ainsi que ledit duc de Guise en avoit donné au feu amiral : chose véri­table et remarquable avec une, que le Roy l'ayant un peu contemplé, dit tout haut : « Mon Dieu, qu'il cc est grand ! il paroît encor plus grand mort que vi­ce vant. »
Le cardinal de Guise, qui étoit assis avec M. l'arche­vêque de Lyon au conseil, entendant la voix de son frere qui crioit mercy à Dieu, remua sa chaire pour se lever, disant : cc Voila mon frere qu'on tue. » Lors se levèrent les maréchaux d'Aumont et de Rets ; et l'épée nue en la main crièrent : « Qu'homme ne bouge, s'il ne veut mou­te rir. » Incontinent après, lesdits cardinal et archevêque furent conduits en un galetas bâty peu de jours aupa­ravant pour y loger des feuillans et capucins. Ainsi finit le regne de Nembrot le lorrain.
Le samedy i[\, le Roy, averti par Claude d'Angennes, evêque du Mans (0, que les députés du tlergé avoient résolu en l'assemblée du matin de venir prier le Roy de leur rendre le cardinal de Guise leur president ; Sa Majesté, qui avoit résolu de le faire suivre son frere, scachant qu'il succederoit à sa créance, et qu'il étoit autant et plus mauvais garçon que lui, se trouvant néanmoins empêché sur l'exécution, à cause de la qua­lité du prélat, en voulut avoir un mot de conseil, dont le résultat fut : Que le Roy n'avoit rien fait, s'il ne se
(-) Evéque du Mant : Claude d'Angennes de Rambouillet, né en 1538. De l'évêché de Noyon il avoit passé en 1588 à celui du Mans. II mourut en 1601. Homme de bien, bon évéque, et fort attaché aux in­térêts des deux rois Henri ni et Henri iv.